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vendredi 11 mai 2007

L’esprit humain fait-il partie de la biodiversité ?

11 mai 2007

Par Alise Franck

« Oui, la biodiversité c’est la nature vivante, toute la nature, sur terre et sur mer, dans les villes et dans les champs, hommes et femmes compris. […] Oui, la biodiversité c’est nous, être humains, cousins des chimpanzés, aussi nombreux que divers. Nous qui avons appelé biodiversité ce tissu vivant qui couvre et anime la planète, cette biosphère dont nous sommes l’un des fruits et dont nous dépendons, comme le petit enfant de sa mère, la puce de son rat, la vache du paysan qui l’élève. » Voici un extrait de l’affiche directrice de l’« Opération biodiversité » menée au sein de l’Education nationale. Elle est accompagnée de tout un kit pédagogique de 21 affiches, représentant animaux et paysages, ainsi que de 21 thèmes abordés sous forme de dossiers, tel que « Vivre ensemble – 6,5 milliards d’hommes », « Economie d’énergie » ou « le Climat change », (le tout accessible sur internet). En réalité, cela fait partie d’un programme de grande ampleur activement répandu par l’UNESCO. Plusieurs hypothèses sont développées. Comme vous avez pu le lire dans la citation de départ, aucune distinction n’est amenée entre l’Homme et l’animal. On peut donc se comparer à des chimpanzés, des puces. Et si l’on regarde le contenu du programme, c’est effectivement cette image de l’humanité qui y est défendue.

Tout a commencé en 1977 avec la circulaire 77-300 d’août, rendant obligatoire dans le processus d’éducation un enseignement sur l’environnement. De là s’est instaurée une filière pédagogique E.E.D.D « Education à l’environnement pour un développement durable », qui a été renforcée en juillet 2004 :

« [La présente circulaire] s’inscrit dans la stratégie nationale en faveur du développement durable, adoptée par le gouvernement en juin 2003, qui souligne le rôle déterminant du système éducatif. La prise de conscience des questions environnementales, économiques, socioculturelles doit, sans catastrophisme mais avec lucidité, les aider à mieux percevoir l’interdépendance des sociétés humaines avec l’ensemble du système planétaire et la nécessité pour tous d’adopter des comportements propices à la gestion durable de celui-ci ainsi qu’au développement d’une solidarité mondiale »

Charte de l’environn ement :
On ne doit pas jouer avec le feu !

Cette charte, qui a été ratifiée au nom du peuple français en mars 2005, a valeur de loi constitutionnelle. La volonté affichée de permettre aux enfants d’appréhender le monde qui les entoure, le futur qu’ils vont devoir bâtir, a été totalement violée en laissant les thèses d’Al Gore et des militants anti-développement guider le déroulement des idées.

Grâce à cette Charte, toutes les thèses de la décroissance aujourd’hui défendues par la majorité des écologistes ont pu être abordées à travers différentes problématiques. Par exemple, au collège il est demandé en histoire/ éducation civique : « La croissance démographique est-elle un frein au développement ou peut-être un atout ? ». C’est sans surprise que dans tout le dossier « Vivre ensemble – 6,5 milliards d’hommes », seule la démographie africaine et en particulier celle de la Côte d’Ivoire est étudiée, mettant en avant les problèmes d’exploitation du territoire, l’analphabétisme, l’explosion des villes et la sous-nutrition. En classe de 5ème, les pistes de travail envisagées proposent de répondre à la question : « Quels problèmes engendre une fécondité élevée ? » On retrouve là un flagrant délit de débat à sens unique, où il est impossible de penser qu’il faudrait plus de monde pour humaniser les terres arides et mortes, dont les « bobos » préfèrent afficher les images exotiques dans leurs salons. De plus, la thèse est soutenue jusqu’en fin de lycée, on le voit à travers cet exemple de question posée en terminale : « La pression démographique n’a-t-elle pas que des effets négatifs ? ». Le ton est donné : la puce devient souvent trop encombrante pour le rat. A aucun moment il n’est stipulé que l’Afrique, sous le joug des institutions financières internationales telles que le FMI, se retrouve pieds et poings liés, dans l’impossibilité d’exploiter souverainement l’ensemble de son territoire pour loger et nourrir sa population. Il est au contraire proposé un monde sans solution où la vision à long terme est bannie. Le programme réclame l’«étude du thème des sociétés face aux risques », sans oublier les risques technologiques liés à l’énergie nucléaire ou aux transports. Il n’est pas interdit de s’interroger sur les liens éventuels, à l’échelle mondiale, entre émission de gaz à effet de serre et changements climatiques.

Les questions du réchauffement climatique sont donc rigoureusement assimilées, comme on le voit de manière plus flagrante dans cette citation : « Le charbon est abondant, mais l’énergie fossile est la plus polluante (émission de CO2 lors de sa combustion et de méthane lors de son extraction). L’énergie nucléaire donne lieu à des débats passionnés sur son coût réel et sa sécurité à court et long termes, mais de toute façon, les réserves d’uranium sont limitées et les nouvelles générations de centrales (surgénérateurs, voire à fusion thermonucléaire) vont être longues à mettre au point. » C’est là un point central qui est directement attaqué à travers le mépris manifesté pour la vérité (ils parlent de « débats », pas de réelle recherche) et le long terme (« de toute façon […] longues à mettre au point »). On assiste à une prise de position explicite contre le type de philosophie de progrès que nécessite le développement de l’humanité, et l’on ne cherche pas à ce que enfants accueillent avec enthousiasme l’accroissement de la population, au contraire.

On se retrouve donc face à un paradoxe : comment se fait-il qu’une civilisation entière en soit arrivée au point où elle ne puisse même plus accueillir sa descendance ? Pire encore, comment se fait-il que pour une bonne partie de la population, cela soit devenu un fait évident ? Si vous êtes vous-même convaincu, vous êtes-vous déjà demandé si cette théorie est scientifiquement et moralement justifiée ?

Les coupables
doivent être jugés

Quand on cherche plus loin pour comprendre quel type d’individu est en train de faire cela, la réponse devient plus évidente. Le nom le plus récurrent sur le site du ministère de l’Education est celui de Yann Arthus Bertrand. Connu du grand public pour ses expositions photos et son livre La Terre vue du ciel, dans le monde politique, il est plus connu pour être un ami de Jacques Chirac et avoir réussi à inviter son collègue Al Gore à projeter son film catastrophiste, La vérité qui dérange. Y.A. Bertrand fait partie de ces gens qui défendent le fait que le monde s’est arrêté de tourner pour les nouvelles générations :

« Si on est là, c’est parce que la terre est exactement à la bonne distance du soleil, juste à la bonne distance pour que l’eau soit liquide, elle n’est pas glacée. C’est ça qui a fait la vie (…) il n’y a qu’une proportion d’eau limitée, il n’y en aura jamais plus. »

L’ignorance n’a jamais été un défaut, mais bâtir un projet d’éducation avec quelqu’un qui ne sait même pas que la trajectoire de la terre varie, ainsi que sa distance au soleil, est, soyons honnêtes, plus que de l’ignorance : un crime. Car il permet d’accepter le fait que notre monde est fixe et donc, qu’il s’use et se ronge. A l’aide de quelques graphiques et statistiques, il pourrait vous annoncer la fin du monde. Dans la citation qui parle de la charte ci-dessus, la notion de développement durable est directement attachée à la notion de gestion.

C’est donc en profitant de la sensibilité des enfants, en suscitant l’émotion par des images et problématiques clairement orientées, que sont formés des adultes obsédés par les calculs comptables sur les ressources existantes et le nombre de gens à nourrir, incapables d’utiliser leur faculté de raison pour trouver des portes de sortie aux problèmes cruciaux de l’humanité. Car dans aucun pédagogique fabriqué par ces institutions, la capacité créatrice de l’homme n’est prise en compte comme un facteur décisif de l’Histoire. L’exemple le plus flagrant d’aujourd’hui est l’incapacité des principaux candidats à la présidentielle de sortir du débat sur la dette, tous acceptant les conditions limitées imposées par le jeu des banques. Aucun ne propose de moratoire sur les dettes impossibles à rembourser, accompagné de leur réévaluation en fonction des politiques souveraines que la France républicaine peut soutenir.

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